[LE NOUVEL AN TIBETAIN (LOSARལ་གསར )Des festivités qui mêlent tradition populaire laïque et rituels religieux]

LE NOUVEL AN TIBETAIN (LOSARལ་གསར )

Des festivités qui mêlent tradition populaire laïque et rituels religieux

offrandes faites aux déités à l'occasion du Losar au temple / photo 16 février, karma Lhundup Rinpoche

par Christine Faivre

Le nouvel an tibétain se dit Losar : « lo » signifie année et « gsar » nouveau. Les
Tibétains suivent le calendrier lunaire, pour les tibétains nous sommes en l'an 2145,
année du chien mâle de terre.
Le 16 février 2018 correspond au 1er de l'an.
Le Losar fête le passage à la nouvelle année, c'est l'occasion pour les tibétains de
prendre de bonnes résolutions et de se débarrasser des mauvaises habitudes.
Le Losar est une fête qui mêle traditions laïques et religieuses.

La tradition populaire :

Chaque famille prépare le passage à la nouvelle année ; les Tibétains commencent par
nettoyer leur maison, ensuite ils la décorent avec des fleurs et des signes auspicieux. Ils
achètent de nouveaux habits et pour bien commencer la nouvelle année, ils règlent leurs
dettes et se réconcilient avec leurs voisins. Ils prennent de bonnes résolutions car il est dit
que les voeux pris durant ce premier mois seront plus fermement tenus.

Des khapsés (beignets à base de farine de blé) en forme d'oreille de singe sont
spécialement préparés pour être disposés sur l'autel lors du nouvel an. Ils ne sont pas
destinés à être mangés. D'autres khapsés plus petits sont cuisinés et seront consommés
tout au long de la période de festivité qui durera 15 jours.


Khapse / photo internet

Le Gouthouk : Le 29 ème jour du 12 ème mois lunaire, les Tibétains ont pour tradition de manger
en famille “la soupe du 29 ème jour”: Ghouthouk. Elle est composée de boulettes de farine de blé et
de radis et …. de boulettes farcies de coton, de laine, charbon, cailloux … qui symbolisent des
qualités positives ou négatives qu'il convient alors de rejeter ou de développer lorsque l'on reçoit ce
signe. Par exemple le coton signifie la douceur, le caillou noir des pensées négatives, un caillou blanc
des pensées positives … Les tibétains ont l'esprit très pratique et enjoué dans leur façon
d'aborder la vie. Il savent tirer avantage de toutes les situations même négatives car ils
gardent à l'esprit que tous les phénomènes sont changeants, impermanents. Ils restent
optimistes et font des efforts pour changer, modifier leur état d'esprit ou situation. On peut
dire que la cérémonie du Gouthouk est une façon de prendre conscience de ses défauts
et qualités.

Après la soupe, les Tibétains frottent une boule de tsampa ( farine d'orge grillée) sur leur
corps entier et plus particulièrement les parties du corps où ils ont des douleurs ou
maladies (sauf le coeur). Ils laissent ensuite l'empreinte de leurs doigts sur cette boule en
la serrant dans leur main droite, pouce au dessus. Toutes ces boules de tsampa sont
rassemblées autour d'une effigie en tsampa qui a la forme d'un humain. Cette effigie
représente le mal. Les boules qui symboliquement renferment toutes les maladies,
négativités des membres de la famille et l'effigie sont amenées au loin à la croisée de
chemins par le plus jeune de la famille et ainsi les éléments négatifs accumulés sont
dispersés au loin.

Les Tibétains fêtent le nouvel an en journée.
Le jour du Losar, Ils se lèvent très tôt, revêtent leurs nouveaux habits et la maîtresse de
maison présente ses voeux à chacun d'entre eux en disant “Tashi Délég Phunsourn Tsog”
ce qui signifie bonnes augures, chance, bonheur, santé …

On sert du Changkhoel chaud, ( bière chaude mélangé avec de la Tsampa et du fromage
de brebis), du thé au beurre, des Khabsé et du Drésil (riz sucré).


Dans chaque foyer tibétain se trouve un autel où sont arrangées les offrandes
traditionnelles : eau, fruits, fleurs. Pour le Losar, chaque famille dispose des offrandes
spéciales : un monticule de Khabsé (Derga), des fruits et des jeunes pousses d’orge dans
un pot, symbolisant une bonne récolte et la fertilité (Lophu), une tête de mouton en
Tsampa ou en beurre symbolisant la chance et la fortune, le Tchémar, mélange de Tsampa
et de beurre présenté dans un récipient en bois sculpté et peint symbolisant une bonne
récolte, enfin Changphu, premier cru de bière d’orge et de l’eau symbolisant la lignée
ininterrompue de la famille.

Le reste de la matinée est alors consacré à la prière et l'après-midi aux festivités. Danses,
musiques, jeux de dés, et chang vont égayer ce jour particulier.

Le deuxième jour les tibétains ont pour habitude d'aller visiter leurs voisins et de leur
présenter leurs voeux.

Le troisièmejour, en accord avec la tradition, on procède au changement de drapeaux de
prières (lungta:« lung » signifiant air et « ta » signifiant cheval). Il est dit que lorsque le
vent souffle dans les drapeaux, les prières de bonnes augures écrites sur les drapeaux, se
dispersent dans toute la région alentour, apportant chance, bonheur, paix et bonnes
récoltes … aux habitants.


Lors de cette même journée, les Tibétains procèdent à la cérémonie de la fumigation
dans la montagne, au bord des rivières ou des lacs en brûlant le genévrier. Ils adressent
des prières aux dieux de ces lieux. Ils pratiquent également ce rituel envers les dieux du
foyer (Khyim lha), dieux du sol (Shi dag), dieux du pays (Yul Lha) et dieux du lieu de la
naissance (Kyé Lha).


La tradition religieuse du nouvel an tibétain




Les festivités du nouvel an tibétain sont précédées de cinq jours de
pratique intensive de la déité Vajrakilaya qui est une forme
courroucée de Vajrasattva elle mêmedéité de purification et de la
cérémonie du Guthor pour chassertoutes les impuretés et négativités de
l'année. Le losar sera suivi duMönlam Chenmo (Grande Prière) qui
durera 3 semaines.

Le premier jour de l'an est le Lama Losar (nouvel an du Lama), les Khenpos (Abbés
des différentes traditions monastiques) viennent présenter leurs prières. La présentation
des voeux se fait dans la pure tradition religieuse bouddhiste à travers le drapeaux de prières
corps, parole et esprit symbolisés par une statue, un texte et un stupa. A cette occasion
les dignitaires sont invités à boire le traditionnel thé tibétain au beurre salé, à manger le
drésil et à déjeuner au palais. Pour les Tibétains, la cérémonie du thé est un élément
important de la vie culturelle et doit obéir à des règles de protocoles très strictes. En effet
la tradition bouddhiste accorde beaucoup d'importance à l'harmonie et la paix. Cette
cérémonie est à la fois un acte de respect et de remerciement qui marque le
commencement d'une année dans une entente cordiale et bienveillante. Le Losar est le
moment d'apaiser les vielles discordes.

Différentes cérémonies religieuses ont lieu ce jour là, la plus importante : les prières de
remerciements envers la déesse protectrice du Tibet et du Dalai et Panchen Lama : Palden Lhamo.Le
deuxième jour est le Gyalpo Losar (nouvel an du roi). Cette journée est essentiellement
consacrée aux affaires de l'état, la cérémonie est identique au premier jour mais c'est au
tour des dignitaires gouvernementaux de présenter leurs voeux au chef religieux du Tibet.

Le rassemblement des grandes prières pour la paix


Mönlam Chenmo, 26 février 2018 / photo Karma Lhundup
Rinpoche

Le Mönlam Chenmo (grandes prières pour la paix) commence le troisième jour du premier
mois.

Voilà, il nous reste encore quelques jours pour prendre de bonnes résolutions pour cette
année de chien mâle de terre 2145. Peutêtre arrêter de fumer, de manger du chocolat,
d'arriver en retard, de passer son temps sur internet .... toutes ces habitudes qui nous collent …



བཀྲ་ཤཤིས་བ དདེ་ལདེགས། Bonne chance